Soutien au jardin partagé Truillot ! Mai 2021

Le jardin partagé Truillot est un des acteurs dynamisant Paris au quotidien…

Désormais, c’est lui qui a besoin de soutien !

Love jardin ! Superbe graphisme de l'artiste Arysque... Une fois de plus !!!
Love jardin ! Superbe graphisme de l'artiste Arysque... Une fois de plus !!!

C’est un jardin que “ça se visite !” vous propose de découvrir depuis quelques années déjà…

Ce fut d’abord un jardin partagé temporaire, qui s’est installé dans le square des Moines de Tibhirine, en attendant la création du Jardin Truillot par la ville de Paris.

Durant ces quelques années de travaux, l’association a commencé à nouer des liens entre les habitants du quartier :

-ceux qui vivent dans des appartements et ceux qui vivent dans la rue. 

-les élèves des écoles et collèges et les adultes et retraités du quartier

-les musiciens, poètes, sculpteurs, graphistes et les jardiniers et bricoleurs

-les familles en difficulté économique et les autres… qui tentent aussi de vivre dans la capitale

-les personnes en situation de handicap, physique ou intellectuel… et les autres qui n’ont pas encore été diagnostiquées

Quelques-uns des participants de la parcelle dans le jardin Truillot
Quelques-uns des participants de la parcelle dans le jardin Truillot

Les rencontres, ateliers, travaux se succèdent toute l’année : jardinage bien sûr, mais aussi bricolage, écriture,  sculpture, peinture… Toutes ces activités sont aussi des occasions pour recréer de la convivialité dans l’univers urbain déshumanisé que peut parfois être Paris…

Et plusieurs fois dans l’année, une fête ponctue un moment fort : Fin de l’anné civile, fin de l’année scolaire… Une belle occasion de se rassembler, de pique-niquer et goûter ensemble, d’assister à des concerts de musique, de toutes les musiques, des lectures de poésie et textes, des projections de films et dessins animés…

Ce sont aussi des actions concrètes de solidarité, comme par exemple :

-avec les commerçants du quartier donnant certains de leurs produits, pour permettre à tous de participer aux repas collectifs…

-avec une gratuité pour toutes les activités,

-avec des collectes de jouets pour que les parents puissent offrir des cadeaux à leurs enfants pour les fêtes de fin d’année,

-avec des collectes de vêtements, comme à l’été 2020, suite à l’incendie d’un hôtel social, qui provoqua une extrême précarité chez des familles déjà démunies : en quelques jours, plusieurs mètres cubes de vêtements furent réunis lors d’une collecte lancée par l’association et relayée par de nombreux acteurs du quartier.

Plus d’infos sur cet évènement…

Aujourd’hui, une campagne de dénigrement opère sur les réseaux sociaux sous le nom de “saccageParis”, mettant en cause la gestion de la capitale par l’équipe d’Anne Hidalgo, la maire : propreté des rues, urbanisme, voirie… font partie des services municipaux visés. 

Bien sûr, ne soyons pas naïf, on se doute que les adversaires politiques de la maire de Paris, au minimum se satisfont de cette campagne… voire y participent ou encore l’organisent.

Ce qui devient curieux c’est lorsque cette campagne jette l’opprobre sur le jardin partagé Truillot, en présentant des photos montrant un espace sale et dégradé. Hormis le fait que certaines photos datent de plusieurs mois ou années, quiconque s’est déjà promené dans les rues de Paris sait qu’une partie des habitants ont des comportements incivils, et qu’il est facile d’en accuser sans distinction la responsable politique gérant la ville comme le riverain qui n’y peut rien. 

Ce qui devient surprenant c’est quand le 1er adjoint à la maire de Paris relaye cette campagne de dénigrement sur les réseaux sociaux… Ce poste de 1er adjoint étant celui du remplaçant de la maire de Paris en cas d’empêchement – comme par exemple une candidature à un autre mandat politique – on se dit que c’est une surprenante manière de gérer des situations, de s’impliquer dans des dossiers, de résoudre de potentielles conflictualités d’usage… Bref, d’offrir une perspective à la capitale de la France et ses habitants !

Ce qui devient énervant, c’est lorsqu’un adjoint à la mairie du 11e arrondissement signifie à l’association qu’elle doit évacuer le square des moines de Tibhirine d’ici juillet. Et qu’elle perd aussi la parcelle pédagogique qui lui était promise depuis des années, sous prétexte que le rectorat interdisant les activités en extérieur des scolaires, le jardin n’a plus besoin de cette parcelle (pourtant inscrite dans la charte de création du Jardin Truillot, signée par la Ville de Paris). Faut-il comprendre que plus jamais les enfants ne sortiront des écoles pour aller au jardin ? Et en dehors des temps d’école, les enfants ne vivent-ils pas dans le quartier ? Si ? Alors, ils auraient donc la possibilité de fréquenter la parcelle en fin d’après-midi après l’école, et aussi le mercredi, samedi et dimanche…

Ce qui est affligeant, c’est quand un journal, qui se veut le grand quotidien du soir, publie un article d’un de ses journalistes reprenant les thèses ayant cours sur les réseaux sociaux… Et qu’après avoir été interpellé par certains riverains qui ne se reconnaissent pas dans le contenu de l’article, ce même journaliste admet ne pas s’être déplacé sur le terrain mais avoir écrit son article d’après les éléments trouvés sur twitter…

Les habitants du square de Tibhirine sont en colère !

Non à l'expulsion !!!
Non à l'expulsion !!!
Oui à la colonisation !
Oui à la colonisation !

Non à l’expulsion ! Oui à la colonisation !!!

Ainsi le jardin partagé Truillot perdrait deux des quatre espaces dont il s’occupe…

Il lui resterait la rue végétalisée de la rue Lacharrrière :

Rappelons qu’il s’agit en l’occurrence de trottoirs et rues débitumés, aménagés et végétalisés par la Ville dans un premier temps, et dont l’entretien au quotidien est ensuite effectué par les membres de l’association. La mairie du 11e arrondissement se cantonnant à envoyer des mails de temps à autre pour signifier aux adhérents qu’ils doivent désherber, tailler la végétation ou encore nettoyer les déchets abandonnés par les passants : tout un travail effectué auparavant par les services de la Ville… 

Ceci permettant au maire de l’arrondissement de venir une fois par an prendre une jolie photo pour se gargariser de la participation des habitants à la vie de leur quartier.

Il resterait aussi la parcelle “historique” dans le jardin Truillot :

une quarantaine de mètres carrés… A se partager entre habitants vivant dans la rue ou dans des appartements, enfants et retraités, personnes en situation de handicap et non diagnostiquées, personnes de passages et anciens habitants…

Espérons qu’elles ne viennent pas toutes en même temps au jardin, elles risquent de se marcher sur les pieds !

Tout le monde ne le sait pas : ce quartier de Paris est celui qui fut le plus impacté par la campagne d’attentats en 2015 : Les anciens locaux de Charlie Hebdo sont à 300 mètres, le Bataclan est à 250 mètres, la plupart des bars et restaurants touchés en novembre 2015 sont à moins de 15 minutes à pied.

Ces évènements furent dramatiques pour tous… Ils furent particulièrement traumatisant pour les habitants du quartier : en raison de leur aspect concret, de leur répétition, de leur présence quotidienne, y compris, bien entendu, après le départ des caméras et micros des médias…

Après ces dramatiques évènements, une réaction possible eut été une peur qui s’installe dans le quartier, des habitants repliés sur eux-mêmes et qui se réfugient dans leurs appartements, l’individualisme forcené et la crainte de l’autre…

C’est le contraire qui s’est produit, et le jardin partagé Truillot y a largement pris sa part : en proposant ses ateliers de jardinage ou artistiques, en créant des moments de rencontres entre les différentes personnes vivant dans le  territoire, en occupant et festoyant dans l’espace public…

Ceci a permis de recréer de la convivialité, du mélange, du lien, de la solidarité…

Comme une révolte du corps social, qui se défend contre le virus de la haine qui l’assaille, et crée des anticorps pour retrouver équilibre et harmonie…   

Alors, effectivement, dans cet espace, il y a parfois une canette de bière qui traîne par terre ou un rat qui se promène… c’est vrai. Mais il y a aussi et  surtout des êtres humains qui essayent de vivre ensemble ! 

Plutôt que de passer son temps sur les réseaux sociaux dans un monde virtuel, on suggère à chacun de sortir de chez soi, pour rejoindre ses voisins et participer à cette belle aventure humaine :

Vivre ensemble et solidairement, avec nos différences !